Combien de déchets les Français jettent-ils chaque année ?

On lit parfois des chiffres très impressionnants et un peu décourageants : “chaque français produit 5 tonnes de déchets par an” soit 14 kg de déchets par jour et par personne.  C’est vrai, mais ça ne correspond pas à la réalité que nous observons à la maison : vous ne jetez pas 14 kg de déchets par personne chaque jour – enfin j’espère !

En fait, ces chiffres prennent en compte tous les déchets produits en France, de l’extraction des matériaux à la consommation finale, en passant par toutes les étapes de transformation. 
Ce chiffre de 14 kg/jour (ou 4 kg/jour si on exclut les déchets minéraux liés à l ‘extraction des matériaux) est donc  intéressant car il nous indique que pour réduire la quantité de déchets produits il ne suffit pas de réduire ce que nous mettons directement à la poubelle, mais il faut aussi acheter mieux et moins.

Néanmoins ce chiffre ne nous aide pas à comprendre l’impact d’acheter avec moins d’emballages. Quelle différence peut-on faire en produisant moins de déchets chez nous ?

Notre point de départ : chaque jour nous produisons en moyenne 650g de déchets par jour et par personne. 250g de déchets sont triés (recyclage et compost) et les 400g restant sont dans la poubelle “normale” (leur petit nom : “ordures ménagères résiduelles”). Une autre façon de les comptabiliser: on jette chaque jour 300g d’emballages, 350g d’autres déchets.

Quel est l’impact environnemental de ces 650g de déchets par jour et par personne ?

L’impact des déchets sur l’environnement a plusieurs facettes: pollution des eaux, pollution du sol, perte de biodiversité et réchauffement climatique.

Chacune de ces facettes est une bonne raison de réduire la quantité de déchets produits. Par exemple, vous l’avez déjà entendu : les plastiques sont une calamité en termes de pollution des eaux, de pollution des sols et de perte de biodiversité, car ils sont toxiques et se dégradent très lentement.

Dans la suite de l’article nous allons néanmoins nous concentrer sur l’impact de nos déchets par rapport au réchauffement climatique. En effet, avec la perte de biodiversité c’est l’enjeux majeur de notre siècle. Pour cela, le bon indicateur est le coût de nos déchets en kg de CO₂e (CO2 équivalent). Pour rappel, l’objectif est de diminuer notre budget d’environ 10 tonnes de CO₂e / personne aujourd’hui à 2 tonnes par personne en 2050.

Les emballages nous coûtent 190 kg de CO₂e par an par personne

Les emballages sont le gros des émissions liées à nos déchets. En moyenne leur fabrication coûte à chacun environ 105 kg de CO₂e / an, et leur traitement en fin de vie 81 kg de CO₂e / an.

Donc nos emballages, même recyclés ont une forte empreinte carbone.

D’autre part, gardez en tête que le recyclage à 100% n’existe pas, hormis pour le verre et les métaux. À titre d’exemple, une bouteille de plastique peut rarement être recyclée plus de deux ou trois fois et seulement 11% des emballages plastiques hors bouteille et flacon sont recyclés en France.

Conclusion: trier c’est indispensable mais le meilleur emballage est celui qui n’a pas été produit et acheté. Pendant longtemps, j’avais le sentiment de faire une très bonne action en triant mes déchets. Peut-être que vous aussi ? En fait, cela vient de campagnes culpabilisantes organisées dès les années 50 auprès des consommateurs pour qu’ils trient les déchets afin de permettre aux entreprises (agro-alimentaires) d’utiliser de plus en plus d’emballages non consignés et en plastique tout en soignant leur image de marque.

Les autres déchets nous coûtent 33 kg de CO₂e par an par personne

Les déchets hors emballages représentent une plus faible part des émissions liées à nos déchets. Ils nous coûtent à chacun environ 33 kg de CO₂e / an.

Notez que ces chiffres n’incluent pas les coûts de fabrications car l’objet de l’article est d’évaluer le coût carbone des déchets et emballages. Et quand bien même on voudrait exclure le coût de fabrication des emballages pour être sûr de ne pas comparer des choux et des carottes, avec 81 kg de CO₂e / an, les emballages représenteraient plus de 70% du coût de nos déchets – fabrication exclue.

Les emballages c’est donc 90% du coût CO₂e de nos déchets, comment le diminuer ?

Aller vers le zéro emballages est faisable mais demande énormément d’efforts. En revanche, ce qui est à la portée de tout le monde, c’est de réduire de deux tiers les emballages et de privilégier ceux qui émettent moins de CO₂e. (c’est à dire les briques, le papier et le carton comme indiqué sur le visuel ci-dessous). Cela devrait permettre d’économiser ~ 200kg par an, un petit pas qui compte.
Par exemple, on peut viser de ne jeter que 700g d’emballages par semaine, au lieu de 2,1kg (en moyenne) actuellement.

Effectivement, comme deux tiers d’entre vous on avait bonne conscience avec les emballages en verre parce que cela se recycle, c’est propre, transparent… En fait, même recyclé, le verre à usage unique n’est pas vertueux car il faut une masse bien supérieure pour un même contenu, et beaucoup de chaleur pour le (re)fondre.

Petit quizz : combien de fois faut-il réutiliser une bouteille en verre pour que son empreinte carbone soit plus basse que celle de la brique à usage unique ?

Et pour les autres déchets (10% du coût) que peut-on faire ?

Il n’y a pas de petites économies, donc c’est légitime de vouloir réduire l’empreinte carbone de nos déchets hors emballages. Le premier levier est tout simplement de jeter moins:

• en ne remplaçant du matériel ou des vêtements que quand c’est nécessaire – pour cela on vous recommande la méthode des 5R de Béa Johnson
• en évitant le gâchis alimentaire (les consommateurs sont responsables de 40% du gâchis alimentaire !)

On entend beaucoup parler du deuxième levier : le compost. Composter est facile si vous avez un jardin, ou si votre municipalité a mis en place un système de collecte. Sinon, cela peut demander plus d’efforts. À vous de prioriser les changements que vous mettez en place en fonction de leur facilité (par exemple adopter l’éco-conduite est plus simple que d’isoler sa maison pour la plupart des gens) et de l’économie de CO₂e associée.

Alors le compost, ça permet d’économiser combien ? Si vous mettez un kg de déchets putrescibles dans votre poubelle « normale », cela coûte 200g de CO₂e à traiter en moyenne (en pratique sur 1kg de déchets putrescibles, 680g sont brûlés, 240 g stockés, 40g méthanisés et 40g compostés). Si en revanche vous le compostez, cela coûtera 9g de CO₂e en moyenne.
Les Français produisent 53 kg de déchets putrescibles par an. En compostant l’ensemble (ce qui n’est pas possible car certaines choses ne rentrent pas dans le compost), vous économisez donc environ 53 fois 191 g = 10 kg de CO₂e / an.

Ça n’est donc pas le meilleur ratio impact / effort si vous n’êtes pas encore très avancé dans votre transition et s’il n’y a pas de solution de compost facile autour de vous. Néanmoins, mettre en place un compost a d’autres avantages: cela facilite le tri des autres déchets et diminue drastiquement le nombre de sacs plastiques utilisés. Et vous verrez que si vous avez un compost et que vous triez les emballages, vous n’aurez plus à descendre votre poubelle « normale » très souvent.

Conclusion

• Nos emballages sont responsables de l’essentiel du coût carbone de nos déchets. En achetant avec moins d’emballages et en privilégiant les emballages bas carbone (papier, carton, briques), on peut économiser environ 200 kg de CO₂e / an !
  
• Éviter le gâchis alimentaire et ne pas acheter de biens inutiles sont deux leviers importants pour réduire l’empreinte de nos déchets.
  
• Composter permet d’économiser environ 10 kg de CO₂e / an… donc à décider en fonction du niveau d’effort à fournir selon votre situation et en fonction d’où vous en êtes dans votre transition vers un mode de vie 2tons.